Action Féministe pour l'Indépendance

ÉNONCÉ DE PRINCIPE


L’A.F.I adhère au projet indépendantiste québécois car il est l’aboutissement logique du droit d’un peuple à disposer de lui-même. Nous plaçons le féminisme québécois dans son contexte international en reconnaissant sa particularité sous un régime post-colonial. En tant que féministes, nous ne pouvons qu’appuyer la fin de la minorisation de notre peuple comme nous voulons faire cesser celle des femmes. Seulement, étant femmes de ce même peuple, nous déclarons que c’est en faisant de notre Québec un pays que les Québécoises et les Québécois pourront prendre enfin en main les décisions concernant leurs richesses, leur culture, leur économie, agir sur le plan international et s’attaquer aux inégalités sociales, économiques, politiques, sexuelles et ainsi agir directement sur la condition féminine spécifique au Québec. L’A.F.I croit que les Québécoises pourront beaucoup mieux contrôler leur destinée lorsque, citoyennes d’un pays autonome de ses décisions et orientations, elles pourront ainsi se concentrer à s’attaquer au système capitaliste actuel et reléguer le patriarcat aux poubelles de l’histoire.

10/10/2011

Les détentions du G20, une militante raconte

Beaucoup d’encre a coulé à la suite du G20 de Toronto en juin 2010.
Les arrestations arbitraires ainsi que la détention qui s’apparentait à la torture ont fait beaucoup parler durant la dernière année. Ces arrestations violentes ont été accompagnées de brutalité physique et psychologique, de privation d’eau et de nourriture en détention, de refus d’accès à des téléphones ou à un avocat dans des délais raisonnables et d’intimidation de la part des policiers, qui a été décriée par de nombreux médias. On a aussi parlé d’actions illégales posées sur les femmes, mais on a tôt fait de passer le sujet. Cependant, encore aujourd’hui, certaines femmes restent marquées par leur expérience.

Étant moi-même un arrêté du G20, j’ai pu constater des choses que jamais je n’aurais cru voir dans un pays qui dit prôner la liberté d’expression. Cependant, ce que les femmes ont vécu a été particulièrement pénible. J’ai donc interviewé une arrêtée du G20, Sylvia Bissonnette, qui a gentiment accepté de répondre à mes questions.

Dominic: Combien de temps as-tu été détenue durant le G20?

Sylvia : J'ai été détenue 60 heures.

Dominic: Qu’as-tu vécu lors de ton temps de détention?

Sylvia: Je n'ai pas pu appeler ma fille de 11 ans pour l'avertir de mon arrestation ni organiser du gardiennage pour elle. Ma fille a donc été seule durant mon incarcération. Son père était là seulement le soir, après son travail. J'ai vécu 2 fouilles à nu, une à la prison «improvisée» et l’autre à la prison des femmes. Nous avons été nourris de sandwich au fromage. J'avais averti l'agent de police que j’ai un problème aux reins, avant ma fouille à nu. Mes reins absorbent mes protéines, je dois donc manger suffisamment de viande. Je n'ai eu droit qu'à une barre tendre, ce qui m'a occasionné des problèmes de santé (cholestérol et taux de glucide élevés, prise de poids excessive (20livres)). Lorsque je suis arrivée dans ma cage, 3 heures ont passé avant que je reçoive de l’eau pour la première fois. J'ai su de quoi on m'accusait à 5h00 le lundi matin, 20 heures après mon arrestation. Les toilettes n'avaient pas de porte, nous avions du papier de toilette au compte-goutte.

Dominic: As-tu vécu de la discrimination ou des menaces faites à l'endroit des femmes?

Sylvia : J'ai dû passer les premières 45 heures (environ) en boxer, car ils avaient ôté mon paréo (je ne crois pas qu'un homme ait vécu la même humiliation). La raison que les policiers m'ont donnée lors de l'arrestation, c'est que je pourrais me pendre avec. Ce qui est complètement stupide comme raison, car j'aurais pu me pendre avec mon gilet ou mes boxers. Je ne parle pas anglais et je ne le comprends pas non plus. Je sais qu'ils ont dit plein de conneries, car Amélie me l'a dit, mais elle ne m'a rien traduit, car pour elle ça ne valait pas la peine. Puis j'étais bien d'accord, donc je n'ai pas été affectée par leurs moqueries. Lors de la dernière journée d'incarcération, au palais de justice, plusieurs filles ont eu leurs menstruations en même temps, car elles n’ont pas pu prendre leur pilule contraceptive. Elles avaient de la difficulté à obtenir des serviettes hygiéniques et nous avons dû réclamer une poubelle pour les mettre dedans. Ils ne nous l'ont pas donnée.

Dominic: Il y avait des femmes qui changeaient de cage, est-ce qu'une femme t’a raconté des choses qui s’étaient produites dans d'autres cages?

Sylvia : Il y a des femmes qui m'ont raconté que des policiers chantaient la chanson Voulez-vous coucher avec moi ce soir?

Heureusement pour Sylvia, elle ne comprenait pas l’anglais, car après avoir rencontré plusieurs femmes cette année et avoir visionné plusieurs vidéos, je me suis aperçu que des témoignages relataient qu’elles avaient reçu des menaces de viols, individuels et collectifs. D’autres me racontaient qu’elles avaient subi des fouilles à nu alors que la porte demeurait ouverte. Certaines ont dû subir des fouilles à nu faites par des hommes. Une femme a même raconté que le gardien lui avait mis un doigt vous savez où. D’autres encore ont subi plusieurs fouilles à nu durant leur incarcération dans la prison «improvisée», le Toronto Film Studio.

Les traitements qu’ont subis les femmes durant leur incarcération lors du G20 sont absolument intolérables, surtout lorsqu’on se dit dans une société libre. Ce genre de comportements est une des raisons qui pousse les femmes à poursuivre encore leur combat jusqu’à-ce que ces attitudes dévastatrices à l’égard du sexe féminin puissent être complètement éradiquées.

Cela dit, Sylvia a voulu nous laisser avec ce dernier commentaire : « Ce n’est pas la discrimination envers les femmes qui m’a le plus marquée malgré tout, mais bien la discrimination envers les Québécois et Québécoises! »

Cela, je peux vous l’affirmer, je l’ai aussi vécu.

Dominic Palladini
Avec la collaboration de Roxanne Hébert-Ratté

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Je suis tombé sur votre blogue par hasard et après avoir lu le témoignage de Sylvia (j'ai également écouté le témoignage d'Amélie sur YouTube) concernant les traitements inhumains lors de l'arrestations de masse à Toronto.

    Sylvia raconte avoir subi deux fouilles à nu dont une très intrusive et en présence d'officiers masculins. Je ne comprends pas pourquoi elle n'avait pas refusée. Si moi, j'avais été à sa place ou à la place d'hommes et de femmes dans sa situation, j'aurais dit "NON !".

    Je sais que les détentions étaient illégales et, par le fait même, les fouilles à nu tout autant. Ce que je ne comprends pas et personne n'avait soulevé la question, à savoir pourquoi ne pas avoir refusé ?

    Qu'est ce que ces étudiant(e)s risquaient en refusant de se soumettre à de telles fouilles ? Merci de m'aider à comprendre.

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